Humeurinterne

La_vie_d'un_bonobo

Jeudi 18 novembre 2010 à 16:44

 Depuis tout petit,

Je fais ce même rêve. Je pourrais le raconter, le détailler, le dessiner, en faire un dessin animé, une animation 3D, un putain de film plein d'effets spéciaux. Je hais ce rêve... Je veux dire.... Il me fascine, vois-tu, et j'aimerais le comprendre.

Tu es la seule personne à qui je peux en parler. La seule, l'unique, mais t'en parler me semble être la plus mauvaise idée que j'aie jamais eue. Le fait même d'y penser me frigorifie, oui, me frigorifie, oui.... Il me semble que ce rêve parle de toi, mais je peux me tromper, en fait il pourrait parler de n'importe qui. Mais je te laisse juger par toi-même. Je me lance.

Il y a un vieux château, un de ces châteaux délabrés qui parsement l'écosse - il s'agit d'un rêve, c'est ce que j'y pense - et derrière lesquels on imagine invariablement un éclair zebrant l'espace contenu entre ciel et terre. C'est ce que je vois, ce château, à deux kilomètres tout au plus. C'est ce qu'il me semble alors, je ne t'apprends pas les choses bizarres qui arrivent dans les rêves, et les proportions ne sont jamais ce qu'elles sont. Je regarde la lande déserte alentour, seul le vent m'accompagne dans mon voyage, semble me pousser dans le dos. Je m'inspecte. C'est une de ces choses qui ont changées au fur et à mesure... Au début je ne pensais pas à regarder ce que j'étais. Je suis moi, rien de plus rien de moins. Mes habits changent, "évoluent" de rêve en rêve. D'un rêve à l'autre, on ne remarque pas grand chose, mais sur toutes ces années, je suis passé du blanc au noir. C'est tout à fait cela, ce début de rêve me fait penser à Macbeth vois-tu. J'ai acquis un miroir, il n'a pas encore disparu, mais dans quelques rêves, il changera en un autre "item". Je dis item, parce que c'est le mot exact, un item. Je ne suis rien d'autre qu'un personnage de jeux vidéo. J'ai l'air fatigué et poussiérieux, le voyage a du être long jusqu'à présent. Peut-être ais-je parcouru plus de chemin à chaque rêve, je ne sais pas. Je me meus enfin, un pied après l'autre. A ma grande surprise (oui à chaque fois) cela est facile. Je ne bondis pas, je ne fais pas de cabrioles, mais je marche aisément, je suis un grand-pas ou un truc comme ça, il faudrait que je relise le seigneur des anneaux, mais c'est en tous cas la pensée qui m'avait traversée à l'époque où je les avais lu.

Je marche en regardant mes pieds, environ trois cent mètres, et j'arrive vers une forêt, sombre, d'où seuls quelques bruit de ci de là viennent perturber la lourde atmosphère qui pèse sur moi. La pression retombe un peu avec mon entrée dans la forêt. La température y est à environ 19 degrés (j'ai tout essayé pour être sûr, merci au thermostat), et l'humidité se fait très vite sentir. J'entends une rivière. Je m'en approche. La lueur de la lune (maintenant je la vois distinctement) fait paraître la scène grandiose, et énigmatique. De l'autre côté de cette rivière, ou plutôt de ce cours d'eau (il faudrait que tu voies ça, vraiment, cette toute petite chute d'eau, et la précision des graphismes de l'eau... les gouttes luisent chacune pour elle-même, s'éloignant des autres lorsqu'elle quitte le lit du cours d'eau pour retomber en une nuée de petits dards luisants ensuite......), il y a moi. Moi gisant quasi-mort de l'autre côté de la rivière. Moi en habits de tous les jours. Il y a la encore une variation de rêve en rêve. Chaque jour mon âge varie totalement. Mais jamais je ne suis plus vieux que dans la réalité. Je suis encore vivant, j'écoute le vent. Je le sais, le moi du rêve sait ce que ressent l'autre, cette plénitude, puis la mort qui m'enveloppe de son drap doucereux. Je meurs, voilà tout, il n'y a pas cette lumière effrayante dont parle certains, pas de douleur particulière, pas de montée vers le ciel ou de descente vers les enfers.... Il y a juste le bruit sourd d'un coeur qui bat de moins en moins vite, participant activement à cette impression de plénitude. Puis, je détourne les yeux. Ce n'était pas mon combat, ni mon ultime instant, l'autre moi est mort très bien. Il est mort plus jeune que moi, d'accord. Ne pas se poser trop de questions, garder cette plénitude à l'esprit.

Puis il y a ce bruit. J'entends distinctement un craquement de branche. Mais comme de mesure, impossible d'en situer la provenance exacte. Je ne retrouve plus la plénitude passée. Je ne suis plus serein, et cela me mets en rage. Je crie alors: "Qui est là?"

Nouveau bruit. Je m'éloigne rapidement. Aucune raison de m'inquiéter, je suis déjà mort, je sais ce que c'est, ça n'est pas douloureux. Néanmoins, mes jambes pédales à une vitesse folle. Je suis revenu à lorée de la forêt. C'est à ce moment là que cette voix...étrange... me parle. Elle semble provenir de plus loin dans la forêt. J'y reconnais ta voix, mais après avoir mieux écouté, je dirais qu'il n'y a pas que ta voix, d'autres si mélangent. S'engage le dialogue suivant:

"-Qui suis-je? 
-Comment veux-tu que je le sache, toi, la voix. Je ne fais que rêver.
-J'aime ta voix. Me la prêterais-tu?
-Alors voilà donc qui tu es? Tu collectes les voix?
-Aucunement. Je n'ai qu'une voix, la mienne. D'où viens-tu?
-Aucune idée. Que me veux-tu?
-... Comment le saurais-je? Est-ce moi qui décide? Non, assurément. Mais j'aime ta voix. Ne veux-tu pas me la prêter?
-Me laisseras-tu passer dans ta forêt alors?
-Ce n'est pas ma forêt. Mais je peux effectivement t'en faciliter le passage.
-Alors j'accepte de te prêter ma voix.
-Tu en es sûr? Qu'importe passer cette forêt, après tout, tu ne fais que rêver, tu le sais.
-Alors qu'importe garder ma voix ou non?
-En me la donnant, tu pourrais réellement la perdre. Les rêves peuvent dérègler ce cerveau qui est le tiens.
-Je ne doute d'aucune de tes paroles. Je t'accorde ma voix."

Sur ce commence la deuxième partie du dialogue, ma voix face à ma voix. Déroutant.

"-Merci
-De rien. Je n'ai pas même perdu ma voix ici.
-En était-il question?
-Il semblait que prêter ma voix me l'enlèverait, au moins jusqu'à ce que je la récupère.
-Peut-être me suis-je mal exprimé alors.
-Me laisseras-tu passer?
-Passe-donc, rien ne t'en empêche."

J'avance donc, sur ce chemin que j'avais emprunté précédemment. Au bout d'une centaine de mètre, je sors de la "forêt", de cette parcelle d'arbre en vérité. Il me semble que j'y ai passé des heures. Je salue la voix qui reste alors muette. Je n'ai croisé personne durant la traversée du sous-bois. C'est un de ces mystères que le rêve instaure.

Je me retrouve l'air bête, sur cette même route. Je ferme les yeux et me réveille alors.Et je pense invariablement à une roue, une roue de char de course, style gladiator....

Je t'ai tout raconté, je me sens las. Il est temps pour moi d'aller dormir.

Bonne nuit.

"Bonne nuit"

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